Tellement de choses à dire à propos de Michel Polnareff.

Michel Polnareff - tellement de choses à dire

En temps normal, j'ai horreur du fanatisme. Je ne supporte pas l'idée d'idolâtrer quelqu'un uniquement parce que cette personnalité est très talentueuse dans son domaine ou révèle en moi des émotions. J'adore écouter la musique des artistes qui me plaisent, je pleure ou ris devant un bon film. J'admire ceux qui se battent pour une belle et noble cause... Mais j'ai beaucoup de mal à dire "ahhh, je suis faaan! J'aime tout ce que cette personne dit ou fait!!!!". Par contre, quand Obispo chantait "FAN", en visant directement Michel Polnareff, je ne pouvais que suivre sa voie(x) de fan et lui donner raison. Suis-je fan de Polnareff ? Sûrement, et ça me fait chier de me contredire.

Voici pourquoi.

Je ne sais pas vraiment par où commencer. L'idée d'écrire cet article m'est venue après avoir lu la biographie (sobrement appelée "Sperme") de Michel sortie début 2016. Ce mec a déjà réussi un bel exploit : celui de me faire acheter un bouquin neuf, écrit en gros caractères de plus de 10 balles dans un aéroport. Pourquoi? Simplement parce qu'il m'a toujours fasciné et parce que ce livre me semblait être un bon moyen de comprendre un peu plus tous les mystères qui l'entourent.

Ses cheveux, ses lunettes, sa gueule, les réactions qu'il suscite et puis surtout, sa musique. Michel Polnareff est à la fois génial, étrange et dérangeant. Voici pourquoi selon moi. 

Une machine à hit

Polnareff, c'est d'abord une machine a hits simples et calibrés pour les radio. On ne va pas dire que c'est ce que l'on préfère chez lui mais citons tout de même :

  • La poupée qui fait non (1966),
  • Y'a qu'un ch'veu (1968),
  • Tout tout pour ma chérie (1969),

Le mec est un pianiste de génie et sort de la chanson populaire de radio ? Pourquoi ? En fait, il s'est simplement fait martyriser et tabasser par son père qui voyait en lui un musicien classique des plus traditionnels. Cet acharnement sur le petit Polnareff s'est transformé en révolte et le jeune Michel a plongé les deux pieds joints dans la mouvance simpliste des "yéyés" se voulant peut-être comme un doigt d'honneur à la rigueur musicale paternelle. Mélodie simples et entêtantes font de Michel une nouvelle star montante de la variété française.

 

Je n'ai pas l'intention de vous pondre une énième nouvelle biographie du personnage, vous trouverez assez d'infos en ligne à ce sujet !

1966, voici ce à quoi ressemblait Michel à ses débuts ! Un problème de vue l'ayant presque rendu aveugle, il se transformera progressivement en Polnareff comme on le connaît avec ses grosses lunettes blanches.

Une vie rythmée par les scandales qui ont servi sa musique

Ce qui caractérise Polnareff, et en fait une personnalité à part entière, c'est son art du scandale et de la théâtralisation de sa vie publique ou privée. 

Polnareff fût à la fois trahi, ruiné, dépressif, exilé, cocu, décrié, critiqué et force est de constater que cette vie rocambolesque a nourri sa créativité et son génie. 

 

Lettre à France

Polnareff, exilé aux USA depuis plusieurs années à cause d'ennuis avec le fisc après s'être fait plumé par son manager pleure son amour envers son pays natal dans le magistral "Lettre à France" (1977).

Envolées lyriques, mélodie mythique, textes remplis de sens et de mélancolie, "Lettre à France" est considéré comme beaucoup comme la masterpiece de Polnareff.

 

Je suis un homme

Polnareff, paré de ses lunettes de soleil blanches oversized, de tenues fantasques, à la coiffure blonde bouffée bouclée, au physique menu et la voix cristalline dérange, bouscule les moeurs et se voit méchamment critiqué sur son physique et son attitude. Des rumeurs sur une supposée homosexualité circulent. Ce dernier (sacré queutard en réalité), remet les points sur les "i" à l'aide du sublime texte "je suis un homme" affirmant être "Un Jules, un vrai, un bout en train, toujours prêt, toujours gai".

L'amour avec toi

Toujours opé pour faire parler de lui en bousculant l'ordre établi, Polnareff se voit interdit de radio avant 23h à cause du texte de sa chanson "L'amour avec toi". Y'avait pas de quoi choquer une nonne mais apparemment, la censure de l'époque l'avait dans le collimateur (est-ce à cause de son affiche cul nu ?).

Rappelons qu'à la même époque Gainsbourg faisait geindre de plaisir Jane Birkin en allant et venant entre ses reins sur les ondes ! En comparaison, l'amour avec toi semble bien soft !

Goodbye Marylou

Aux USA, Polnareff découvre à quel point ce pays est en avance en matière de technologie et d'informatique. Un peu geek dans l'âme, il se passionne pour la musique électronique et les débuts balbutiants de l'internet. Bien avant l'arrivée des sites de rencontres ou de chat sexy, Polnareff met en musique via le titre "Goodbye Marylou", les échanges virtuels qu'il effectue avec Marylou toujours avec des doubles sens bien sentis ! " je me tape Marylou sur mon clavier", "je lui mets avec les doigts : message reçu "... Minitel ou pas, il était toujours un peu en avance sur son temps !

Vidéo un peu chelou du Polnareff en train d'écouter l'une des premières version de ce titre.

Le bal de Laze

Sans aucun doute, sa chanson la plus aboutie de son répertoire. Une basse qui résonne, une ritournelle à l'orgue magistralement religieuse, une histoire tragique écrite par Pierre Delanoe. Le bal des Lazes, de part son côté noir et violent, ne sera pas diffusé en radio. A la place, le très léger "Y'a qu'un ch'veu" sera sur les ondes... Une honte.

Une version live magistrale qui montre toute l'originalité et la sensibilité de Polnareff avec marcel bleu, bien sûr...

Je cite encore parmis les meilleurs titres de Polnareff :

- Ame Câline

- Holidays

- Qui a tué grand maman?

- Sous quelle étoile suis-je né ?

- Le roi des fourmis

- L'oiseau de nuit

- On ira tous au paradis...

 

Michel Polnareff a toujours essayé de pousser sa créativité dans ses retranchements et a maintes fois prouvé qu'il était capable de toujours adapter sa musique avec son époque tout en y apportant ce petit plus créatif qui en fait un génie de la musique.

Et maintenant ?

Maintenant,  Polnareff vit toujours aux USA, et a pris un sacré coup de vieux.

Il effectue quelques come back sur scène tous les 10 ans en reprenant ses vieux classiques et propose parfois des nouveaux singles qui sentent clairement le renfermé. Ex : l'homme en rouge, Ophélie flagrant des lits... On est bien loin de la sonorité unique d'un Bal des Laze, ou de la mélodique et fraiche Ame caline. C'est malheureusement peu inspiré et vite oublié. 

 

Un peu parano, il promène son ego et sa chemise ouverte sur quelques plateaux de tv complaisants en essayant toujours de créer l'événement.  

 

Ca marche un peu mais disons clairement qu'il est attendu au tournant. En effet, il promet un nouvel album depuis des lustres et nous n'en voyons toujours pas la couleur. A-t-il une peur bleue de se faire allumer par la critique? De terminer sa carrière par une mauvaise note ? Est-ce que le processus d'écriture est si compliqué qu'il n'y arrive pas comme il le mentionne dans son livre ? Personne ne sait vraiment, même ses fans les plus hardcore qui le bénissent encore et toujours sur sa page Facebook ou son site web.

 

Au lieu de nous gratifier d'un nouvel album,  il continue à vouloir à tout prix faire taire ses "détracteurs" l'accusant de ne plus avoir de voix ou d'avoir simulé un malaise l'ayant amené à devoir annuler un concert... 

 

En bref,  le Polnareff, jusqu'au bout, sera victime de son personnage et de son image à tel point que le génie en lui, semble s'être à jamais, enfui.

 

Il n'empêche qu'il aura à jamais marqué la chanson française de fulgurances créatives encore aujourd'hui inimitées. Rien que pour cela, je suis FAN.

Écrire commentaire

Commentaires: 2
  • #1

    Arnout Cécile (jeudi, 24 août 2017 17:57)

    Moi je suis fan de ton article�!
    100% d accord avec toi!

  • #2

    La Boide (jeudi, 24 août 2017 19:45)

    En france, orchestralement, il y a lui et Gainsbourg. Difficile d'imaginer qu'ils auraient pu composer ces merveilleuses mélodies sans cette lourde éducation musicale ? Bel article.